Reflets d’un passé
par Pierre-A. Cormier préface d’Antonine Maillet
Album de photographies historiques
Ces photographies anciennes collectionnées et commentées par Pierre Cormier donnent un aperçu de la vie d’autrefois. Elles révèlent le passé de la ville de Bouctouche comme seules les images peuvent le faire. L’album de 204 pages, publié en 1984 par le Comité du bicentenaire de Bouctouche, est disponible au coût de 29,50 $ en communiquant avec l’Hôtel de ville de Bouctouche.
- SOMMAIRE
- Préface
Avant-propos
Arrivée des premiers colons de la paroisse
Les premiers habitants
Saint-Jean-Baptiste
Quelques personnages
Le port de mer
Le chemin de fer
Voitures, routes et ponts
La pêche
La ferme
Entreprises commerciales et services
Quelques maisons
Vie religieuse
À l’école
Musique et chant
Sport ou…amusement
Les maires de Bouctouche depuis 1967
PRÉFACE D’ANTONINE MAILLET
Chebooktoosk, de son nom primitif, est devenu Bouctouche, signifiant grand petit havre. Les Micmacs qui nommaient ainsi leur campement de passage, au creux d’une baie, se doutaient-ils qu’avec son nom ils léguaient au Bouctouche de l’avenir un aussi vaste programme? Petit havre, grand petit havre! La contradiction n’est qu’apparente. Bouctouche, le jour de son baptême, se voyait octroyé sa double vocation d’être le havre ou refuge des déportés rentrées en Nouvelle-Acadie; et au rang des petits ports qui seraient le lot de ce peuple renaissant, de compter parmi les plus grands. Le jour où mon père me recommandait dans sa sagesse de Maillet, de ne jamais me prétendre la plus grande femme du monde, mais d’aspirer à en devenir la plus grande Tonine, il donnait aussi à Bouctouche et peut-être à toute l’Acadie leur vraie place. Nous avons à nous mesurer à personne, sinon à nous-mêmes. À ce niveau-là, il n’y a pas de petits. Et Bouctouche a tenu sa promesse. Il a gardé sa place, en équilibre entre les extrêmes entre un Irving milliardaire et une Sagouine à genoux devant son seau; entre les aventuriers des mers et les débroussailleux des champs; entre la richesse de ses traditions et ses ambitions de progrès; entre sa mémoire du passé et ses rêves d’avenir. Ce village à lui seul est un monde en petit sur la scène politique, il a donné à l’Acadie ses premiers députés, un sénateur, un premier ministre, sans compter des compagnes électorales dignes du meilleur théâtre populaire; en affaires, il a produit avec K.C. Irving l’émule canadien des Rockefeller ou des Rothschild; dans les arts, il a ses chanteurs et chanteuses, ses musiciens, ses peintres et sculpteurs, et quelques écrivains qui ont fait parler d’eux jusque dans les vieux pays; et si ça ne suffit pas pour mettre Bouctouche sur la carte, ajoutons qu’il a connu une renommée peut-être douteuse mais sûrement non négligeable durant la glorieuse époque de la Prohibition! Tout ce beau monde n’oublie pas cependant qu’il entrecroise ses branches avec celles des multiples menteux, colporteux, bagueuleux, commères ou tapeux du pied qui ont fait la gloire et la joie d’un peuple qui n’a pas encore épuisé les réserves de son imaginaire et de son énergie. Car à la racine de chaque violoniste, il y eut un violoneux; de chaque romancier, un conteux; de chaque orateur, prédicateur ou politicien, une plantée de commères et de menteux. Dans l’Église, Bouctouche n’est pas en reste avec ses monsignors, son clocher qui arrose le paysage des sons de ses cent cloches, son couvent plus que centenaire, ses vocations et confréries religieuses, et un évêques né-natif dans ses murs. Cependant pour rester le plus proche possible de la vérité, admettons que malgré ses couchers de soleil légendaires, malgré ses multiples cours d’eau qui chatouillent des collines aussi vertes en été qu’elles sont blanches en hiver, malgré sa gent colorée, tapageuse, grouillante, dont la meilleure moitié fait des grimaces à l’autre qui lui tire des roches, admettons que malgré ses multiples splendeurs, Bouctouche n’est pas la première ville du monde. Mais il est le premier, unique, et plus beau Bouctouche! Et puis il est le mien. Antonine Maillet Le Phare, le 14 août 1984
AVANT-PROPOS DE PIERRE-A. CORMIER
Le 24 juin 1785, François et Charlitte LeBlanc sculptaient une croix dans l’écorce d’un gros pin symbolisant la prise de possession de Bouctouche. Nous célébrons le bicentenaire de cet événement en 1985. Souligner un fait historique marquant suscite toujours un retour collectif aux sources. Dans notre cas, ce retour est facile puisque nous possédons déjà notre monographie paroissiale. Le livre de Marguerite Michaud, La reconstruction française au Nouveau Branswick Bouctouche, paroisse type, publié en 1955, permet à tous, en effet, de rafraîchir leurs connaissances historiques. Nous publions aujourd’hui un recueil de photographies anciennes collectionnées au cours des dernières années. Voilà un autre moyen de connaître le passé, ou tout au moins une partie du passé. Nous sommes bien conscient de l’absence de certaines photographies pour que ce recueil représente tous les éléments de la vie d’autrefois et toutes les régions de la paroisse. La pauvreté, pour ne nommer qu’un aspect, ne figure pas dans les photos prises par des gens plus à l’aise. Photographier n’était pas chose courante pour de nombreux Acadiens. Il ne faut donc pas chercher un historique comme tel, mais plutôt un ensemble de photographies commentées susceptible de rappeler des souvenirs intéressants et combien révélateurs en l’année du bicentenaire de Bouctouche. C’est notre voeu que ce recueil devienne un outil pédagogique afin d’aider les enseignants à développer le goût de l’histoire locale chez les jeunes habités par la civilisation de l’image.